programme transmetteur « set, re-set »
2015
Michel Schweizer et sa compagnie La Coma lancent un appel à idée auprès de 3 architectes, Duncan Lewis, MAJCZ (Martine Arrivet et Jean-Charles Zébo) et moi-même. L’énoncé est le suivant :
«…réfléchir à la création d’un monument/édifice pérenne supportant un signe ou symbole destiné à prévenir les générations futures de l’existence, à certains point géographiques de l’écorce terrestre, de sites d’enfouissements d’éléments résiduels nocifs provenant de l’industrie du nucléaire et présentant un risque non mesurable dans le temps pour l’être humain. »
Plutôt qu’un monument, j’ai proposé un protocole de transmission des connaissances renouvelé et actualisé tous les 20 ans (une génération) en partant du postulat que si nous devons réaliser un monument pour les générations futures, sur 100.000 ans, c’est l’échelle de temps imposée dans le programme, soit l’équivalent de 5.000 générations, c’est que nous sommes certains que l’homme sera encore là dans 100.000 ans. J’ai donc construit mon projet sur cette hypothèse. Nous ne savons pas à quoi ressemblera notre environnement ni quels seront nos langages. J’ai donc proposé que le projet soit porté par l’homme, car si l’homme venait à disparaître ce projet n’aurait plus de raison d’être et disparaîtrait avec lui. J’ai intitulé le projet « programme transmetteur « set, re-set ».
Michel Schweizer a constitué des binômes architecte/danseur afin que le contenu de notre proposition soit « retranscrit » par le danseur sur scène. J’étais associée à Saïd Gharbi, danseur aveugle qui s’est approprié mon propos pour en faire une transposition personnelle, le souvenir de sensations physiques liées au récit de son enfance. Nous disions tous les deux que nous ne pouvions pas nous fier aux apparences d’un édifice mais que nous devions, nous humains, être des passeurs et transmettre pour ne jamais oublier.
Michel Schweizer a mis en scène l’ensemble de nos 3 propositions à travers le spectacle « primitifs » qui est devenu son propre point de vue sur le sujet. Ce résumé est un peu réducteur, mais c’était une aventure à laquelle j’étais heureuse de participer.
commanditaire : Michel Schweizer et la compagnie « La Coma »
année : 2015
photos © Frédéric Desmesure